Don d'organes : les familles n'auront plus leur mot à dire
Les députés ont
voté dans la nuit de vendredi à samedi l'amendement, inscrit au projet de loi
santé, facilitant le prélèvement d'organes sur une personne décédée qui n'est
pas inscrite au registre des refus.
C'est l'une des
mesures sensibles du projet de loi santé de Marisol Touraine. Les députés ont
adopté dans la nuit de vendredi à samedi l'amendement renforçant le principe du
consentement présumé au don d'organes à partir de 2018. Autrement dit, les
familles et proches n'auront plus la possibilité d'avoir leur mot à dire
lorsque la personne décédée n'est pas inscrite dans le registre national des
refus: ils ne seront plus consultés mais seulement "informés des prélèvements
envisagés et de la finalité de ces prélèvements".
Lire aussi: Loi de
santé, les autres enjeux
Jusqu'ici, les
membres de la famille pouvaient s'opposer au don si leur proche décédé n'avait
pas fait les démarches officielles pour inscrire son refus. Ce qui, selon les
auteurs de l'amendement, aboutissait à faire diminuer le don d'organes, les
familles pouvant prendre une décision "sous l'émotion" puis la
regretter.
En contrepartie,
les députés ont adopté un autre amendement ouvrant la voie à d'autres moyens
officiels pour exprimer son refus que l'inscription dans le registre national,
rapporte Le Monde. Le registre, qui était jusqu'ici le moyen
"exclusif", deviendra le moyen "principal" de dire son
opposition au don d'organes. Quant aux autres moyens, le journal précise qu'ils
seront définis dans un décret du Conseil d'Etat d'ici 2017.
19 000
personnes en attente d'une greffe en France
Mais cet
amendement voté par les députés est fortement critiqué depuis plusieurs
semaines, en particulier par les associations de donneurs. "Faire
participer la famille dans l'acte de générosité que constitue le don, comme
c'est le cas aujourd'hui, est primordial et important pour le travail de deuil.
Comment accepter qu'une infirmière coordinatrice arrive en disant simplement
'le défunt n'est pas inscrit au registre des refus, je viens prélever des
organes'?", s'inquiètait Pierre Noir, vice-président de France Adot, la
fédération des Associations pour le don d'organes, interrogé par L'Express.
Une crainte
partagée par le corps médical. "Son application conduira de manière
inéluctable à une perte de la notion de don pour tout ce qu'il contient
d'humanité", déplorent des médecins et des infirmiers des coordinations
hospitalières de prélèvements d'organes et tissus, dans Le Figaro.
Actuellement en
France, 40% des personnes s'opposent au don d'organes, selon Le Monde qui
précise par ailleurs que 19 000 personnes sont aujourd'hui en attente d'une
greffe.
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