Chant d'enfant
Regarde
le joli jardin
Plein
de soleil et de fleurs
Aux
yeux de toutes les couleurs.
Pour
le retenir en lieu sûr
Nous
l’avons entouré de murs
Sans
quoi la nuit il s’en irait
Faire
le fou dans la forêt
Si
loin que plus personne après
Jamais
ne le retrouverait.
Nous
l’avons avec notre clé
La
plus solide, la plus forte,
Enfermé
derrière une porte
Pour
que le Vent, cet endiablé
Voleur
volant qui va souffler
Quand
nous dormirons ne l’emporte
Pour
y loger ses feuilles mortes.
Office pour l'enfant mort
(Ecrit
après la mort de son jeune frère un lendemain de Noël (d’où son pseudonyme)
L'enfant
frêle qui m'était né,
Tantôt
nous l'avons promené
L'avons
sorti de la maison
Au
gai soleil de la saison ;
L'avons
conduit en mai nouveau,
Le long des champs joyeux et beaux ;
Au
bourg avec tous nos amis,
L'avons
porté tout endormi...
Mais
en vain le long du chemin
Ont
sonné les cloches, en vain,
Tant
il était ensommeillé,
Tant
qu'il ne s'est pas réveillé,
Au
milieu des gens amassés,
Quand
sur la place il a passé.
D'autres
que moi, cet aujourd'hui,
A
l'église ont pris soin de lui.
C'est
le bedeau qui l'a bordé
Dans
son drap blanc d'argent brodé.
C'est
le curé qui l'a chanté
Avec
ses chantres à coté
C'est
le dernier qui l'a touché,
Le
fossoyeur qui l'a couché
Dans
un berceau très creux, très bas,
Pour
que le vent n'y souffle pas
Et
jeté la terre sur lui
Pour
le couvrir pendant la nuit
Pour
lui ce que chacun pouvait,
Tant
qu'il a pu, chacun l'a fait
Pour
le bercer, le bénir bien
Et
le cacher au mal qui vient.
Chacun
l'a fait... Et maintenant
Chacun
le laisse au mal venant
Allez-vous
en ! Allez-vous en !
La
sombre heure arrive à présent.
Le
soir tombe, allez ! partez tous !
Vos
petits ont besoin de vous.
Rentrez
chez vous et grand merci !...
Mais
il faut que je reste ici.
Avec
le mien j'attends le soir,
J'attends
le froid, j'attends le noir.
Car
j'ai peur que ce lit profond
Ne
soit pas sûr, ne soit pas bon.
Et
j'attends dans l'ombre, j'attends
Pour savoir... s'il pleure dedans.
Poésie et Musique
(Notes Intimes)
Pourquoi
n'avons-nous pas en poésie des demi-soupirs, des soupirs, des pauses, des
points d'orgue pour marquer le temps plus ou moins prolongé de ces silences qui
sont presque tout en poésie comme ils sont tout en musique (…) En vers, un
point, une virgule qui indiquent l'arrêt du sens n'ouvrent pas assez d'entrée
et de durée d'un silence. Faute de mieux j'ai souvent employé le point
suspensif (…) On ne pourrait pas régler par le nombre de points suspensifs la
durée plus ou moins pathétique du silence ? mais ce serait toute une révolution
!
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