Beauté de la Nature

Beauté de la Nature
On ne voit bien qu'avec le Coeur, l'Essentiel est invisible pour les Yeux ! Le Petit Prince d'Antoine de Saint Exupery

Poèmes de Marie Noël


Chant d'enfant 

Regarde le joli jardin
Que Dieu nous donna ce matin
Plein de soleil et de fleurs
Aux yeux de toutes les couleurs.
Pour le retenir en lieu sûr
Nous l’avons entouré de murs
Sans quoi la nuit il s’en irait
Faire le fou dans la forêt
Si loin que plus personne après
Jamais ne le retrouverait.
Nous l’avons avec notre clé
La plus solide, la plus forte,
Enfermé derrière une porte
Pour que le Vent, cet endiablé
Voleur volant qui va souffler
Quand nous dormirons ne l’emporte
Pour y loger ses feuilles mortes.

1962 / Recueil : "Chants des Quatre-Temps"

Office pour l'enfant mort
(Ecrit après la mort de son jeune frère un lendemain de Noël (d’où son pseudonyme)

L'enfant frêle qui m'était né,
Tantôt nous l'avons promené


L'avons sorti de la maison
Au gai soleil de la saison ;

L'avons conduit en mai nouveau,
Le long des champs joyeux et beaux ;

Au bourg avec tous nos amis,
L'avons porté tout endormi...

Mais en vain le long du chemin
Ont sonné les cloches, en vain,

Tant il était ensommeillé,
Tant qu'il ne s'est pas réveillé,

Au milieu des gens amassés,
Quand sur la place il a passé.

D'autres que moi, cet aujourd'hui,
A l'église ont pris soin de lui.

C'est le bedeau qui l'a bordé
Dans son drap blanc d'argent brodé.

C'est le curé qui l'a chanté
Avec ses chantres à coté

C'est le dernier qui l'a touché,
Le fossoyeur qui l'a couché

Dans un berceau très creux, très bas,
Pour que le vent n'y souffle pas

Et jeté la terre sur lui
Pour le couvrir pendant la nuit

Pour lui ce que chacun pouvait,
Tant qu'il a pu, chacun l'a fait

Pour le bercer, le bénir bien
Et le cacher au mal qui vient.

Chacun l'a fait... Et maintenant
Chacun le laisse au mal venant

Allez-vous en ! Allez-vous en !
La sombre heure arrive à présent.

Le soir tombe, allez ! partez tous !
Vos petits ont besoin de vous.

Rentrez chez vous et grand merci !...
Mais il faut que je reste ici.

Avec le mien j'attends le soir,
J'attends le froid, j'attends le noir.

Car j'ai peur que ce lit profond
Ne soit pas sûr, ne soit pas bon.

Et j'attends dans l'ombre, j'attends
Pour savoir... s'il pleure dedans.

Poésie et Musique
(Notes Intimes)


Pourquoi n'avons-nous pas en poésie des demi-soupirs, des soupirs, des pauses, des points d'orgue pour marquer le temps plus ou moins prolongé de ces silences qui sont presque tout en poésie comme ils sont tout en musique (…) En vers, un point, une virgule qui indiquent l'arrêt du sens n'ouvrent pas assez d'entrée et de durée d'un silence. Faute de mieux j'ai souvent employé le point suspensif (…) On ne pourrait pas régler par le nombre de points suspensifs la durée plus ou moins pathétique du silence ? mais ce serait toute une révolution !

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