Si les chrétiens
disent depuis des siècles "les fêtes de Pâques" ou "les
Pâques", c'est pour se distinguer de la fête juive "Pessa'h" et
pour évoquer la passion, la crucifixion et la résurrection de Jésus. La Pessa'h
évoque la fuite d'Egypte du peuple juif et le passage de la Mer Rouge. D'après
les Evangiles, c'est la veille de Sabbat que Jésus fut crucifié (Vendredi
Saint). Sa résurrection 3 jours plus tard est célébrée le dimanche suivant la
pleine lune de printemps.
Simon Dewey 2001
Fête païenne à
l'origine, elle célèbrait le printemps, la renaissance et le retour de la
lumière (équinoxe de printemps : date à laquelle la durée du jour égale celle
de la nuit).
C'est à cette occasion que l'on peut admirer, si le soleil veut bien
assister à la fête, le rayon vert qui part du pied gauche de Judas dans le
vitrail pour éclairer le Christ crucifié de la chaire.
Photo du site du Millénaire de la Fondation
de la Cathédrale de Strasbourg.
L'Osterputz (ou
le grand nettoyage de Pâques)
Durant la Pâques
juive, en souvenir de la fuite d'Egypte pendant laquelle le pain n'avait pas eu
le temps de lever, il est interdit de manger des aliments contenant de la
levure. Les familles consomment du pain sans levain (Mazots) que mes grands
parents appelaient "matzenbrot" et qui pour moi était un délice que
je réclamais souvent au cours de l'année. Mais pour enlever toute trace de
levain dans la maison, la famille juive procédait à un grand ménage, resté en
usage dans beaucoup de familles alsaciennes sous le nom de
"Osterputz"… un vrai remue-ménage. Sortir les literies et les tapis,
se défoulant en tapant de toutes nos forces sur les matelas et le tapis
accrochés sur les cordes à linge avec de grosses tapettes en rotin. Changer les
feuilles de journal disposées sur les armoires, nettoyer les meubles en bois
puis les enduire d'encaustique à la cire d'abeilles. Nettoyer les vitres avec de l'eau, du vinaigre et du
papier journal.
Mais l'Osterputz
ne concernait pas que la maison, pouvait-on décemment fêter Pâques sans être
passé par la case Coiffeur, sans avoir choisi sa robe de printemps, ses
chaussures vernies…
Oh, j'oubliais :
purification de l'âme également avec passage obligé (du moins pour tous ceux qui avaient fait leur première communion ou Communion Privée à 8 ans, à plus forte raison la Communion Solennelle, à 14 ans - eh oui, en Alsace on avait droit à 2 communions !) par le confessionnal ! Et les adultes n'y coupaient pas !!!
Et purification de
l'estomac avec repas œufs le jeudi saint et poisson le vendredi saint. Et le
samedi reste dans ma mémoire comme une torture : confection de pâtes maison,
préparation du gigot d'agneau, confection des desserts, tartes aux fruits,
crèmes, biscuits et "lamala" auxquels il était interdit de goûter
(mais ma grand mère qui voulait vérifier si c'était bon, elle avait le droit
d'y plonger le doigt, elle !)
Ostergarten
Quand ça devenait
vraiment trop intenable, Oma appelait à la rescousse "Opa-Superman-Sauveur
d'enfants super-exités" et nous partions avec lui, Génie et moi, chacune
un panier d'osier au bras, pour ramasser dans les prés tout ce qui nous
servirait pour construire un "Ostergarten" : lierre, mousse,
pâquerettes, violettes, primevères (si Pâques n'était pas trop tôt dans
l'année) et Opa réalisait un petit fagot avec les brins de saule pour
l'armature. Que dire du résultat ? Ben, superbe il faut croire puisque le lapin
de Pâques a toujours semblé l'apprécier…
Et pour qui faire
un "Ostergarten" ? ben, pour le Osterhas !
Le Osterhas
(Lièvre de Pâques), symbole de fécondité, est devenu en français le Lapin de
Pâques. Je ne m'étais jamais posé la question (surtout pas…) pourquoi le Lapin
de Pâques pondait-il des œufs ? qui plus est en couleurs ? enrobés de papier doré
? en chocolat ? Vous vous souvenez de ces petites comptines :
où tu es, écoute moi.
Petit lièvre, tu m'apporteras
un œuf de Pâques en chocolat !"
ou de cette chansonnette :
"Oui, j'ai
pris mon panier léger
pour aller
chercher
un bel œuf aux
prés (ou doré…)
Refrain : Où
est-il caché ?
Où est-il caché ?
Mon petit lapin
Tu le sais très
bien
Et tu ne dis rien
!
J'ai cherché sous
le grand pommier
Et sous le
prunier, je n'ai rien trouvé !
Refrain…
J'ai cherché sous
la fine herbette,
Sous les
pâquerettes, je n'ai rien trouvé !
Refrain…
En passant près de
mon lapin,
Il a remué et j'ai
vu soudain,
Un bel œuf doré
Qu'il avait caché
!
Tu l'avais caché,
mon petit lapin,
Mais je l'ai
trouvé !"
Osterbaum ou Arbre
de pâques
Dans la semaine
précédent les fêtes, nous allions couper des brins de forsythias, de saule
tortueux, de petites branches d'arbres fruitiers en fleurs selon ce que la
nature nous offrait pour confectionner notre "Osterbaum". Un de mes
oncles étant un grand amateur d'œufs gobés (beurk !) il nous gardait les
coquilles que nous décorions à volonté, avec de la peinture spéciale, des
dentelles, des rubans, des papiers, etc. Pas toujours évident parce qu'il
fallait bien tenir ces œufs et éviter de les salir ou au pire, comble de
malheur, de les casser… Les fixer ensuite aux branches n'avait rien d'un jeu
d'enfant et les plus grands s'y collaient volontiers ! C'était à l'époque où
les vacances de Printemps étaient encore à Pâques et s'appelaient les Vacances de
Pâques ! Tout cela prenait du temps et occupait les enfants impatients.
Lamele ou
Osterlamele
Que l'on peut
traduire en français par "petit agneau" ou "petit agneau
pascal"…
J'en salive rien
que d'y penser !
Cette pâtisserie
pascale alsacienne est un gâteau en forme d'agneau de 10 à 20 cm de hauteur
fait avec une "pâte à biscuit" (une génoise) moelleuse riche en œufs.
Nous étions chargées de beurrer les moules en terre cuite émaillée de
Soufflenheim puis, une fois cuit, de le saupoudrer de sucre glace, de lui
attacher au cou un petit ruban rouge et de le "banderiller" avec un
petit fanion jaune et blanc (couleurs de la papauté) ou rouge et blanc
(couleurs de l'Alsace).
Ce petit agneau
est partagé au petit déjeuner du dimanche de Pâques, en tant que symbole
chrétien qui assimile le Christ à l'agneau, ou l'après-midi avec un verre de
vin blanc d'Alsace ou du café. Pour nous, est-il utile de préciser, c'était le
matin…
Symbole
d'innocence et d'obéissance, l'agneau rappelle le sacrifice du Christ
"agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde". Dans la Bible, c'est
la preuve de soumission demandée par Dieu à Abraham : le sacrifice de son fils.
À la dernière minute, Dieu lui permit de sacrifier un bélier plutôt que son
fils.
En Egypte,
prévenus du passage de l'ange exterminateur, les juifs utilisèrent du sang
d'agneau pour marquer leur maison et ainsi préserver leurs enfants.
Cloches
Ah ! ces cloches
qui partaient pour Rome le jeudi soir pour être bénies et ne revenir que le
dimanche, jour de la résurrection ! Oui, bien sûr, quand elles revenaient, elles semaient en chemin plein de beaux et bons oeufs pour les enfants et le matin de Pâques, c'était la chasse aux oeufs ! et dire qu'en Alsace nous avions en plus les oeufs du Osterhas ! Double dose...
Alors, pour rythmer les jours, les garçons
du village armés de crécelles (retch) et de Kleper ou Klopfer, passaient par petits groupes, dans le
village pour appeler les fidèles à la messe ou à la prière en l'absence des
cloches. Ils se rassemblaient au croisement Wollenschlaeger : les Stättler, les
Sändler, les Niedersändler. Les communiants de l'année étaient chefs de groupes
et dirigeaient leurs "retscha" dans les rues du village. Ils
chantaient à tue-tête :
- le matin à 6h : "Der Dag fängt an zu
schleichen, für die Armen, für die Reichen, Oh Gott, jetzt isch Dag Glock ! Ave
Maria !" grrrrrrrrrrr
- à midi : "Ihr Leut mir wollt Euch
sagen, die Glock hat zwölf geschlagen, Ave Maria !" Grrrrrrrr
- le soir "Die Nacht fängt an zu
schleichen, für die Armen, für die Reichen, vum helle Dag in finschder Nacht,
gelobt sei Gott Maria, Ave Maria !" Grrrrrr
- et le jour du Vendredi Saint à 15h :
"In Gotteshaus zu kommen, wir rufen alle Frommen, gestorben ist Herr Jesus
Krist, am Kreuze für uns alle ! Ave Maria !" Grrrrrrrrr
Le samedi de
Pâques, l'après-midi, ils récoltaient chez les habitants, les œufs (ou les
espèces sonnantes et trébuchantes…) en guise de remerciements et de
récompenses.
L'Ile de Pâques
Non, non ! l'Ile
de Pâques n'est pas la demeure du Lapin de Pâques comme le Pôle Nord est le
lieu de résidence du Père Noël ! Il lui faudrait des dauphins magiques qui, à
l'image des rennes du traineau, tireraient à toute vitesse sa pirogue de par le
monde ! Et ensuite, une fois à terre, il lui faudrait les bottes de 7 lieues
pour assurer la distribution ! Et les énormes statues ne contiennent pas sa
réserve ! Vous pouvez me croire : Arnaud et Liza sont allés vérifier !
Si l'Ile de Rapa
Nui est surnommée Ile de Pâques, c'est tout simplement parce qu'elle a été
découverte le jour de Pâques 1722 par Jakob Roggeveen, un explorateur
néerlandais.
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